L’agriculture

Les Hautes Chaumes du Forez, telles qu’elles existent aujourd’hui, correspondent à un ensemble de milieux façonnés par une activité agricole ancienne encore vivante aujourd’hui. L’évolution des milieux est donc en lien étroit avec l’évolution des pratiques.

Le mode d’exploitation traditionnel (avant 1950)

Traditionnellement, l’exploitation pastorale des Hautes Chaumes s’intégrait dans une organisation complexe qui trouvait un équilibre entre la complémentarité de la ferme du bas et la ferme du haut (jasserie). Les productions végétales des Hautes Chaumes étaient utilisées en complément des ressources fourragères de l’exploitation de base. De petits troupeaux de vaches laitières montaient en estive à la belle saison, de juin à septembre. Tout le travail s’organisait autour de la fabrication de la fourme. La pratique pastorale était caractérisée par la coexistence :

  • de parcours communs, d’emploi très extensif, situés sur les “montagnes”, au-dessus de la jasserie ;
  • des fumées, parcelles privées en contrebas des jasseries, fertilisées chaque jour grâce à un ingénieux système de rases (en savoir plus sur l'organisation des jasseries).

Cette activité pastorale traditionnelle a permis de conserver les pelouses et les landes gagnées sur la forêt par défrichement mais aussi d’accentuer le contraste entre les fumades fertilisées d’une part, et les landes et les pelouses sur sol pauvre, d’autre part.

Lire aussi : Les jasseries, fermes d’estive des Hautes-Chaumes du Forez

 

Les mutations agricoles récentes (1950 - 1980)

La déprise agricole s’est traduite sur les Hautes Chaumes par l’abandon du système d’exploitation traditionnel. L’équilibre entre la ferme du bas et la jasserie s’est rompu par l’attrait de la ville, le vieillissement de la population et la dureté d’un travail non mécanisé. Dès lors, les pratiques traditionnelles ont peu à peu été abandonnées :

  • la disparité fumade/lande est moins entretenue : les fumées ne sont plus fertilisées, elles sont parfois fauchées et souvent uniquement pâturées ;
  • la sous-utilisation d’une grande partie des landes montagnardes engendre un développement important des ligneux et de la forêt et donc une fermeture du paysage.

La déprise n’est pourtant pas homogène sur l’ensemble des Hautes Chaumes et on assiste à l’apparition de nouveaux modes d’estivages :

  • l’estivage des ovins, avec l’apparition de grands troupeaux collectifs
  • l’estivage des génisses, en particulier par les éleveurs de la Loire, qui ont choisi plus tôt la spécialisation laitière : les génisses sont montées en estive afin de décharger l’exploitation de base en animaux. On note également une augmentation progressive des élevages de races à viande.

 

L’agriculture d’aujourd’hui

On assiste actuellement a une double évolution des activités agricoles sur les Hautes Chaumes du Forez :

  •  La baisse de l'activité pastorale, débutée à partir des années 1950, se poursuit dans les secteurs les moins mécanisables (pentes trop importantes, anciennes landes déjà fortement boisées,…). Ces terrains sont souvent laissés sans pâturage. Actuellement, seulement les 2/3 des Hautes Chaumes sont utilisées par l'agriculture. On peut ainsi estimer que le domaine pastoral a perdu 15 à 20% de sa surface, aujourd'hui recouverte par un manteau forestier.
  • Les espaces encore utilisés par l'agriculture peuvent faire l’objet localement de pratiques agricoles plus intensives (labours, semis de prairies temporaires avec des espèces non présentes localement – fléole, ray-grass –, apports parfois importants d'engrais organiques mais aussi minéraux, surpâturage…) dans un souci d'amélioration de la valeur pastorale. Ceci a particulièrement été le cas dans les années 80-90 et après des périodes de sécheresse où certaines landes et pelouses montagnardes ont été transformées en prairies artificielles afin d’augmenter les ressources fourragères disponibles sur le secteur, les plateaux des Hautes Chaumes représentant alors des surfaces planes intéressantes à travailler malgré la distance parfois importante des sièges d’exploitation, au village.

Sur le territoire de la Réserve, on compte aujourd'hui une dizaine d’exploitants agricoles avec autant de pratiques différentes, selon les systèmes adoptés : 2 estives collectives de bovin, un éleveur de chevaux, 2 élevages mixtes (bovin/ovin et/ou équin), 3 élevages bovins laitiers, 2 élevages bovins allaitants (viande)… qui participent à la diversité des milieux et paysages du territoire.